Un migrant soudanais tué par les garde-côtes libyens dans le port de Tripoli

Les garde-côtes libyens ont abattu un migrant soudanais dans le port de Tripoli, d’après des témoignages recueillis par le HCR en Libye. Un incident du même type s’était produit en septembre, lorsqu’un migrant avait tenté de fuir pour ne pas être renvoyé dans un centre de détention.

Un migrant soudanais est mort en Libye le week-end du 11 et 12 janvier, tué par les tirs d’une unité des garde-côtes libyens, d’après le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). L’organisme onusien en a été informé par des témoignages de demandeurs d’asile. L’homme serait tombé dans l’eau après avoir reçu une balle.

« Deux personnes auraient subi des tirs de balles de la part d’unité de garde-côtes lors de leur retour à Tripoli le week end des 11 et 12 janvier. L’un serait mort [soudanais], l’autre de nationalité inconnue aurait été transporté vers un hôpital », a indiqué Vincent Cochetel, représentant du HCR pour la Méditerranée centrale, contacté par InfoMigrants.

D’après l’organisation internationale des migrations (OIM), plus de 200 migrants ont été interceptés en mer Méditerranée, puis transportés vers la Libye par les garde-côtes le week-end du 11 et 12 janvier. Sur son compte Twitter, l’agence onusienne s’est inquiétée de la sécurité des migrants sur un débarquement en particulier le 11 janvier, car elle n’a pas été autorisée à « rester sur le point de débarquement », après avoir fourni une assistance à bord du navire rapatriant les migrants.

n’est pas la première fois qu’un migrant meurt tué par des garde-côtes libyens au moment de débarquer dans le port de Tripoli. Un Soudanais avait été tué le 19 septembre après avoir tenté de s’enfuir pour échapper à son renvoi en centre de détention. Il venait d’être intercepté en mer, aux côtés de 103 personnes.

Au moment de débarquer, la centaine de migrant avait alors refusé de rejoindre le centre de détention. Lorsqu’ils ont essayé de s’enfuir, des hommes ont tiré en l’air et le Soudanais a été touché par une balle dans le ventre, d’après l’organisation internationale des migrations (OIM).

Les autorités libyennes perdent de l’influence sur les milices

À Zawiyya, situé à 45 kilomètres à l’ouest de Tripoli, un autre migrant aurait été tué le 13 janvier par les forces libyennes, a rapporté la plateforme téléphonique d’aide aux migrants en détresse en mer, Alarm Phone. C’est un ami du défunt qui en a informé l’association. Le HCR ne dispose pas d’informations à ce sujet.

Avec la chute du dictateur Kadhafi en 2011, la Libye s’est retrouvée plongée dans le chaos. Le territoire est divisé en deux : les partisans du maréchal Haftar d’un côté ; et les pro-Sarraj qui forme le gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale de l’autre.

Depuis le renforcement d’une offensive du maréchal Haftar sur Tripoli à la mi-décembre, la situation s’est dégradée sur place, y compris pour les migrants. « C’est plus dangereux que jamais pour eux dans les rues, et la situation se détériore aussi dans les centres de détention », a expliqué Vincent Cochetel dans un entretien au quotidien allemand Der Spiegel dimanche.

« Le ministère de l’Intérieur libyen perd de plus en plus d’influence sur les milices qui contrôlent les centres de détention. Le gouvernement de Sarraj lutte pour sa survie ; la situation humanitaire des migrants et des réfugiés n’est plus une priorité pour ce gouvernement. Les troupes de Haftar sont au bord de Tripoli », décrit le représentant de l’UNHCR.

La situation est d’autant plus dangereuse pour les Soudanais, ajoute Vincent Cochetel, qu’ils sont de plus en plus souvent appelés à rejoindre les troupes libyennes.

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