Les violences domestiques, la « pandémie de l’ombre »

Les mesures de confinement à travers le monde ont fait augmenter les risques de violences domestiques à l’égard des femmes, notamment contre les migrantes qui se retrouvent encore plus isolées.

Rester à la maison est censé mieux nous protéger de la propagation du coronavirus. Dans le même temps, depuis que les confinements des populations ont débuté, le nombre de cas d’abus domestiques et de violences conjugales ont progressé. Isolées, les victimes se retrouvent souvent bloquées dans cette situation et ne parviennent pas à s’extirper de leur relation.

À travers le monde, la police répond à davantage de cas de violences domestiques et le nombre d’appel aux numéros d’aide a explosé. Selon un rapport de ONU Femmes, le problème pourrait encore s’aggraver au fur et à mesure que les difficultés financières et les conditions de vie difficiles exacerbent les tensions à la maison.

D’après Marianne Hester, professeur de l’Université de Bristol, ce phénomène de violences domestiques était prévisible. Celles-ci augmentent toujours pendant les périodes où les familles passent davantage de temps ensemble, comme pendant la période de Noël ou les vacances d’été, explique-t-elle dans un article du New York Times.

De même, l’épidémie d’Ebola entre 2014 et 2016 avait montré que les situations de crise débouchent sur une hausse des violences conjugales, tout comme à une augmentation de trafics illégaux et du nombre de mariage d’enfants. C’est ce qu’affirme ONU Femmes, l’agence onusienne pour la promotion de l’égalité des sexes, pour qui « le Covid-19 conduit probablement aux mêmes tendances en ce moment ».

Les ONG d’aide aux migrants se mobilisent

Différentes ONG venant en aide aux migrants ont été alertées en mars sur le fait que les femmes migrantes étaient particulièrement exposées à ce risque si elles se retrouvent isolées avec des hommes violents. 

Une lettre ouverte signée par une trentaine organisations rappelle que les femmes migrantes sont réticentes à l’idée de se rendre chez le médecin ou à l’hôpital si elles craignent pour leur santé parce qu’elles ont peur d’être signalées aux autorités migratoires. Le texte affirme aussi que ces femmes évitent de rapporter des violences conjugales à la police car elles pensent que cela pourrait affecter leur statut légal.

La lettre, coordonnée par Step Up Migrant Women campaign (« Femmes migrantes, faites-vous entendre »), note que les services destinés aux migrants sont de plus en plus limités parce que les rendez-vous physiques pour échanger en personne sont réduits au minimum.

endant le confinement, l’absence de sphère privée et la présence de l’agresseur dans le même logement ne permettent souvent pas à la victime de passer un appel téléphonique pour contacter la police ou un numéro d’aide. 

Un travailleur social a expliqué sur France 24 qu’avant le confinement, son centre, situé dans la région parisienne, recevait une dizaine d’appels par jour. « Désormais on ne nous appelle presque pas. Aujourd’hui je n’ai pas reçu un seul appel ».

D’après ONU Femmes, un numéro d’aide en Italie a constaté une baisse d’appels reçus de 55% pendant les deux premières semaines de mars puisque que beaucoup de femmes estiment qu’il est difficile de demander du soutien pendant le confinement.

Le piège est d’autant plus grand dans les ménages à faible revenu, selon Phumzile Mlambo Nacukacar, directrice de ONU Femmes. Dans une interview accordée à la BBC, elle explique que dans ces cas les femmes vivent dans des logements plus exigus et se retrouvent appartements une ou deux pièces avec leur agresseur.

Des mesures pour aider les victimes

Certains pays ont mis en place de mesures pour essayer de lutter contre ces violences.

Depuis le confinement de la population en France le 17 mars, le gouvernement français a notamment mis en place des centres d’aide éphémères à l’extérieur des supermarchés. Les autorités affirment aussi déjà avoir financé quelque 20 000 nuitées dans des hôtels pour permettre aux femmes de de ne pas se retrouver à la rue si elles décident de s’enfuir.

En France et en Espagne, les femmes peuvent aussi se rendre dans des pharmacies — qui sont encore les rares lieux ouverts au public — et informer le personnel qu’elles ont été victimes de violence en disant le nom de code « Masque-19 ».

SOURCE : https://www.infomigrants.net

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