Entre Covid, conflits et catastrophes naturelles, des millions de réfugiés africains menacés de famine

Le coronavirus complique davantage le quotidien des réfugiés sur le continent africain : ils sont des millions, selon deux agences de l’ONU, à être menacés de famine et de malnutrition notamment car la crise sanitaire a aggravé les pénuries alimentaires déjà existantes dans les camps de réfugiés.

Alors que le sous-financement, les conflits et les catastrophes naturelles font déjà des ravages dans les camps de réfugiés en Afrique, l’ONU estime que la pandémie de coronavirus pourrait plonger encore plus les exilés dans la détresse. Dans un communiqué commun diffusé jeudi 9 juillet, le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) expliquent que des millions de réfugiés à travers l’Afrique risquent d’être privés de nourriture, le Covid-19 ayant entraîné « des problèmes de chaîne d’approvisionnement », une « hausse des prix des denrées alimentaires » et une « perte de revenus » notamment issus de l’économie informelle.

Plus que jamais dépendants de l’aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins alimentaires, les réfugiés sont « des millions » à être menacés de famine et de malnutrition, selon les deux agences onusiennes. « Environ la moitié sont des enfants, qui sont susceptibles de connaître des complications tout au long de leur vie s’ils sont privés de nourriture à ce stade essentiel de leur développement », a ajouté Filippo Grandi, Haut commissaire du HCR.

L’ONU exhorte la communauté internationale à prendre « des mesures urgentes » en débloquant des fonds supplémentaires afin d’éviter que les cas de malnutrition aiguë, de retard de croissance et d’anémie n’augmentent dans les prochains mois. « Dans les camps de réfugiés en Éthiopie, déjà 62% des enfants présentent une anémie aiguë », affirme l’institution. Au niveau mondial, les activités du PAM en faveur des réfugiés nécessitent un financement net de plus de 1,2 milliard de dollars pour les six prochains mois (de juillet à décembre), dont quelque 694 millions de dollars pour les opérations en Afrique. Dans le cadre du plan mondial de réponse humanitaire des Nations Unies face au Covid-19, le HCR requiert quelque 745 millions de dollars pour ses activités, dont 227 millions de dollars pour ses opérations en Afrique.

Le HCR et le PAM appellent également les gouvernements africains à « veiller à ce que les réfugiés et les populations déplacées soient inclus dans les programmes de protection sociale et les plans de réponse face au Covid-19 (…) afin qu’ils puissent avoir accès à la nourriture et à une aide financière d’urgence. »

Rations de nourritures réduites presque partout en Afrique

La situation est d’autant plus pressante que les deux agences onusiennes ont déjà commencé à réduire leur soutien dans les camps de réfugiés. Sur le site de Bidibidi en Ouganda, l’un des plus grands camps au monde, les rations de l’aide alimentaire distribuée aux exilés ont été rabotées de 30%. En plus de ces récentes mesures, plus de 3,2 millions de réfugiés en Afrique de l’Est reçoivent déjà des rations réduites en raison du manque de fonds, notamment en Éthiopie, au Kenya, au Soudan, au Soudan du Sud et en Tanzanie. D’autres sont à prévoir en République démocratique du Congo, au Malawi, au Mozambique et en Zambie, selon l’ONU.

Même constat alarmant pour le reste du continent. Par exemple, au Cameroun, le PAM a été contraint en mai et juin de réduire diviser par deux son aide aux réfugiés de la République centrafricaine. « Compte tenu des niveaux de financement actuels, l’agence devra cesser complètement son assistance en espèces à partir du mois d’août. Des réductions dans les rations alimentaires distribuées aux réfugiés nigérians dans le pays sont également à prévoir à partir de juillet », indique le PAM.

Tandis que les aides alimentaires s’amenuisent, le prix des denrées, lui, augmente dans de nombreuses régions du continent, rendant l’alimentation encore plus difficile d’accès. Ainsi, le prix moyen du panier alimentaire de base a augmenté de 15% en République du Congo et de 27% au Rwanda. « Face à ces difficultés, de nombreux réfugiés ont recours à des solutions néfastes, comme sauter des repas ou réduire les portions », alertent le HCR et le PAM. « On estime que plus de 80% des réfugiés au Soudan du Sud ont recours à de telles mesures. Dans certains cas, les réfugiés recourent à la mendicité, à la prostitution, ou aux mariages précoces ou forcés pour pouvoir subvenir à leurs besoins alimentaires. »

SOURCE : https://www.infomigrants.net

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