Comment l’argent mobile aide à reconstruire des vies au Soudan

Photo OIM/Yasir Elbakri
L’OIM a aidé Mohammed Ahmed à ouvrir une boutique près de Khartoum, au Soudan.

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Lorsque Mohammed Ahmed a quitté le Soudan à la recherche d’une vie meilleure, il ne pouvait pas imaginer qu’il trouverait une sécurité financière de retour chez lui. Quatre ans plus tard, il dirige désormais une entreprise florissante, grâce à un programme innovant basé sur l’utilisation d’argent mobile et qui implique l’agence des Nations Unies pour les migrations (OIM).

Cinq mois de détention

En 2016, confronté à des difficultés financières, M. Ahmed avait décidé de quitter sa ville natale au Soudan et de se rendre en Libye à la recherche d’une vie meilleure. Cependant, alors que la Libye sombrait de plus en plus dans la violence, ses aspirations se sont tournées vers l’Europe, où il espérait pouvoir trouver du travail et étudier.

Comme beaucoup de ses compatriotes soudanais, cependant, ces rêves ont été anéantis. M. Ahmed a été arrêté par les autorités libyennes et, avec plus de 80 autres Soudanais, détenu dans un centre de détention de la ville de Misrata, où il est resté pendant cinq mois.

Les migrants dans les centres de détention libyens sont confrontés à des conditions difficiles et peuvent même se trouver directement attaqués. En juillet 2019, au moins 53 migrants au centre de détention de Tajoura ont été tués lors d’une frappe aérienne, un acte qui pourrait constituer un crime de guerre, selon Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. À la suite des frappes aériennes, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’agence des Nations Unies pour les migrations (OIM) ont qualifié les conditions de détention dans les centres de détention d ‘« inhumaines » et ont demandé leur fermeture.

Photo MANUL/Georg FriedrichLe centre de détention de Tajoura, dans la banlieue de la capitale libyenne Tripoli, après une frappe aérienne le 2 juillet 2019.

Une décision qui change la vie

Lorsqu’un membre du consulat du Soudan a visité le camp de Misrata en 2018, demandant aux détenus s’ils voulaient rentrer chez eux, M. Ahmed a décidé d’accepter l’offre. Il était le seul à le faire et, pour lui, cette décision a changé sa vie. Aujourd’hui, avec l’aide de l’OIM, il est propriétaire d’une entreprise florissante dans son pays d’origine.

« La personne du consulat a dit qu’elle contacterait l’OIM, qui a ensuite pris des dispositions pour que je rentre à la maison. À mon arrivée au Soudan, ils m’ont donné de l’argent pour le transport et nous avons pris des dispositions pour nous rencontrer dans leur bureau à Al Manshiya (un district de Khartoum). Trois jours plus tard, je suis allé les rencontrer et nous avons discuté de mon plan d’affaires », a-t-il raconté.

L’assistance que M. Ahmed a reçue faisait partie d’une initiative, créée conjointement par l’Union européenne et l’OIM, pour réintégrer les ressortissants soudanais, dont beaucoup étaient bloqués en Libye, en les aidant à démarrer de petites entreprises.

Résoudre un problème de trésorerie

Comme l’explique Andrew Gray, responsable de la gestion et du développement des migrations à l’OIM au Soudan, l’un des problèmes auxquels les entrepreneurs sont confrontés au Soudan est le manque de liquidités, en raison des bouleversements économiques auxquels le pays a été confronté ces dernières années.

Moins de 10% des Soudanais ont des comptes bancaires et ceux qui en ont sont confrontés à des limites sur le montant d’argent qu’ils peuvent retirer, ce qui rend la vie difficile aux propriétaires d’entreprise qui doivent payer leurs fournisseurs. L’argent mobile, transféré par téléphone, permet de contourner ce dilemme.

« Avec l’argent mobile, les fonds sont transférés via le téléphone mobile d’un utilisateur. Ces fonds peuvent ensuite être utilisés pour acheter d’autres articles ou être encaissés. La technologie est sûre et facile à utiliser, et les coûts de transaction sont faibles. Les utilisateurs n’ont besoin que d’un simple téléphone portable et d’un signal de téléphone portable pour envoyer et recevoir des SMS. Il n’est pas nécessaire d’avoir accès à Internet », a-t-il expliqué. « L’argent mobile est bien implanté dans de nombreux pays d’Afrique et est un moyen de paiement majeur, mais il est relativement nouveau au Soudan, et nous sommes ravis de faire notre part pour sensibiliser à cette nouvelle option de paiement ».

Pour M. Ahmed, le projet lui a permis d’ouvrir un magasin général sur le marché d’Omdurman, près de Khartoum. Après avoir trouvé les produits dont il avait besoin et trouvé les meilleures offres, l’OIM a démarré l’entreprise en payant le stock initial avec de l’argent mobile.

Depuis, l’entreprise s’est avérée durable et sa situation s’est nettement améliorée: « les affaires vont bien », dit-il. « Je me suis aussi marié et la vie s’est améliorée ».

Comment l’OIM aide les Soudanais à se construire une vie meilleure chez eux

L’initiative de l’argent mobile fait partie d’un programme mis en place en 2016 par l’OIM et l’Union européenne, en étroite coopération avec 26 pays africains du Sahel et du lac Tchad, de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord.

Le programme vise à rendre la migration plus sûre et mieux organisée, tant pour les migrants que pour leurs communautés. Veiller à ce que les migrants puissent développer leurs moyens de subsistance est un moyen de s’assurer qu’ils choisissent de rester dans leur pays d’origine.

Dans la Corne de l’Afrique, l’initiative, qui se déroule de mars 2017 à mars 2021, est principalement axée sur quatre pays prioritaires identifiés : l’Éthiopie, Djibouti, la Somalie et le Soudan.

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